Rechercher dans ce blog

La princesse D'Elide

Louis XIV s'est entouré des plus grands artistes de son époque ( Molière, Racine, Lully ... )
Des grandes fêtes sont organisées pour montrer la grandeur et la générosité du roi.
La Pincesse d'Elide, pastorale dramatique, a été donnée au public à l'occasion de la
" fête des plaisirs de L'île enchantée"(1664 )

Dans ce divertissement royal, acteurs et chanteurs se mêlent pour faire
avancer l'intrigue.

Le Premier intermède, scène 2 : des valets de chiens réveillent Lyciscas, (François Boucher, 1734. )

 
" Eh bien laissez-moi: je vais me lever. Vous êtes d'étranges gens, de me tourmenter comme cela.

   Vous serez cause que je ne me porterai pas bien de toute la journée "  Lyciscas



                         Deuxième intermède, scène 1, Moron et l'ours, François Boucher,1734

"Monseigneur, tout doux, s'il vous plaît. Là, là, là, là. Ah ! Monseigneur, que Votre Altesse est jolie et bien faite ! Elle a tout à fait l'air galand et la taille la plus mignonne du monde. Ah ! beau poil, belle tête, beaux yeux brillants et bien fendus ! Ah ! beau petit nez ! belle petite bouche ! petites quenottes jolies ! Ah ! belle gorge ! belles petites menottes ! petits ongles bien faits A l'aide ! au secours ! je suis mort ! miséricorde ! Pauvre Moron ! Ah ! mon Dieu ! Et vite, à moi, à moi, je suis perdu !"


  Textes des premiers et deuxième intermèdes de la princesse d'Elide :


PREMIER INTERMEDE.
(La scène est en Elide.)
Scène I : Récit de l'Aurore.
Quand l'amour à vos yeux offre un choix agréable,
Jeunes beautés, laissez-vous enflammer ;
Moquez-vous d'affecter cet orgueil indomptable
Dont on vous dit qu'il est beau de s'armer.
Dans l'âge où l'on est aimable,
Rien n'est si beau que d'aimer.
Soupirez librement pour un amant fidèle,
Et bravez ceux qui voudraient vous blâmer.
Un coeur tendre est aimable, et le nom de cruelle
N'est pas un nom à se faire estimer :
Dans le temps où l'on est belle,
Rien n'est si beau que d'aimer.

(Pendant que l'Aurore chantait ce récit, quatre valets de chiens étaient couchés sur l'herbe.  Ils s'éveillent à la fin du récit de l'Aurore.)
.Scène II : Valets de Chiens et musiciens.
Holà ! holà ! Debout, debout, debout.
Pour la chasse ordonnée il faut préparer tout
Holà ! debout, vite debout.
PREMIER.
Jusqu'aux plus sombres lieux le jour se communique.
DEUXIEME.
L'air sur les fleurs en perles se résout.
TROISIEME.
Les rossignols commencent leur musique,
Et leurs petits concerts retentissent partout.
TOUS ENSEMBLE.
Sus, sus, debout, vite debout.
A Lysicas endormi.
Qu'est-ce ci, Lyciscas ? quoi, tu ronfles encore,
Toi qui promettais tant de devancer l'Aurore !
Allons, debout, vite debout.
Pour la chasse ordonnée il faut préparer tout.
Debout, vite debout ; dépéchons, ho, debout.
LYCISCAS, en s'éveillant.
Par la morbleu ! vous êtes de grands braillards, vous autres, et vous avez la gueule ouverte de bon matin.
MUSICIENS.
Ne vois-tu pas le jour qui se répand partout ?
Allons, debout, Lyciscas, debout.
LYCISCAS.
Hé ! laissez-moi dormir encore un peu, je vous conjure.
MUSICIENS.
Non, non, debout Lyciscas, debout.
LYCISCAS.
Je ne vous demande plus qu'un petit quart d'heure.
MUSICIENS.
Point, point, debout, vite debout.
LYCISCAS.
Hé, je vous prie.
MUSICIENS.
Debout.
LYCISCAS.
Un moment.
MUSICIENS.
Debout.
LYCISCAS.
De grâce.
MUSICIENS.
Debout.
LYCISCAS.
Je...
MUSICIENS.
Debout.
LYCISCAS.
J'aurai fait incontinent.
MUSICIENS.
Non, non debout, Lyciscas, debout.
Pour la chasse ordonnée il faut préparer tout.
Vite debout, dépêchons, debout.
LYCISCAS.
Hé bien ! laissez-moi, je vais me lever. Vous êtes d'étranges gens, de me tourmenter comme cela ! Vous serez cause que  je ne me porterai pas bien de toute la journée ; car voyez-vous, le sommeil est nécessaire à l'homme ; et, lorsqu'on ne dort pas sa réfection, il arrive... que... on est... (Il se rendort).
PREMIER.
Lyciscas !
DEUXIEME.
Lyciscas !
TROISIEME.
Lyciscas !
TOUS ENSEMBLE.
Lyciscas !
LYCISCAS.
Diable soit les brailleurs ! Je voudrais que vous eussiez la gueule pleine de bouillie bien chaude.
MUSICIENS.
Debout, debout,
Vite, dépêchons, debout.
LYCISCAS.
Ah ! quelle fatigue, de ne pas dormir son soûl !
PREMIER.
Holà ! ho !
DEUXIEME.
Holà ! ho !
TROISIEME.
Holà ! ho !
TOUS ENSEMBLE.
Holà ! ho ! ho ! ho !
LYCISCAS.
Oh ! oh ! oh ! oh ! la peste soit des gens, avec leurs chiens de hurlements ! Je me donne au diable, si je ne vous assomme. Mais voyez un peu quel diable d'enthousiasme il leur prend, de me venir chanter aux oreilles comme cela... Je...
MUSICIENS.
Debout.
LYCISCAS, en se levant.
Quoi ! toujours ! A-t-on jamais vu une pareille furie de chanter ? Par la sambleu ! j'enrage. Puis-que me voilà éveillé, il faut que j'éveille les autres, et que je les tourmente comme on m'a fait. Allons, ho ! messieurs, debout, debout, vite ; c'est trop dormir. Je vais faire un bruit de diable partout.
(Il crie de toute sa force.) Debout, debout, debout ! Allons vite, ho ! oh ! oh ! debout, debout ! Pour la chasse ordonnée, il faut préparer tout : debout, debout ! Lyciscas, debout ! Ho ! ho ! oh ! oh !
 
Lyciscas s'étant levé avec toutes les peines du monde, et s'étant mis à crier de toute sa force, plusieurs cors et trompes de chasse se firent entendre, et concertés avec les violons commencèrent l'air d'une entrée, sur laquelle six valets de chiens dansèrent avec beaucoup de justesse et de disposition ; reprenant à certaines cadences le de leurs cors et trompes ; c'étaient les sieurs Paysan, Chicanneau, Noblet, Pesant, Bonard et La Pierre.



DEUXIEME INTERMEDE.
Scène I : Moron.
Jusqu'au revoir. Pour moi, je reste ici, et j'ai une petite conversation à faire avec ces arbres et ces rochers.
Bois, prés, fontaines, fleurs, qui voyez mon teint blême,
Si vous ne le savez, je vous apprends que j'aime.
Philis est l'objet charmant
Qui tient mon coeur à l'attache ;
Et je devins son amant
La voyant traire une vache.
Ses doigts tout pleins de lait, et plus blancs mille fois,
Pressaient les bouts du pis d'une grâce admirable.
Ouf ! cette idée est capable
De me réduire aux abois.
Ah ! Philis ! Philis ! Philis !
Ah, hem, ah, ah, ah, hi, hi, hi, oh, oh, oh, oh.
Voilà un écho qui es bouffon ! Hom, hom, hom, ha, ha, ha, ha.
Uh, uh, uh. Voilà un écho qui es bouffon.
Scène II : Un ours, Moron.
MORON,
 apercevant un ours qui vient à lui.
A ! monsieur l'ours, je suis votre serviteur de tout mon coeur. De grâce, épargnez-moi. Je vous assure que je ne vaux rien du tout à manger, je n'ai que la peau et les os, et je vois certaines gens là-bas qui seraient bien mieux votre affaire. Eh ! eh ! eh ! monseigneur, tout doux, s'il vous plaît. Là, (Il caresse l'ours et tremble de frayeur.) là, là, là. Ah ! monseigneur, que votre altesse est jolie et bien faite ! Elle a tout à fait l'air galant, et la taille la plus mignonne du monde. Ah ! beau poil, belle tête, beaux yeux brillants, et bien fendus ! Ah, beau petit nez ! belle petite bouche ! petites quenottes jolies ! Ah ! belle gorge ! belles petites menottes ! petits ongles bien faits ! (L'ours se lève sur ses pattes de derrière.) A l'aide ! au secours ! je suis mort ! Miséricorde ! Pauvre Moron ! Ah ! mon Dieu ! Et vite, à moi, je suis perdu. (Les chasseurs paraissent.) Hé, messieurs, ayez pitité de moi. (Les chasseurs combattent l'ours.) Bon ! messiers, tuez-moi ce vilain animal-là. O ciel ! daigne les assister ! Bon ! le voilà qui fuit. Le voilà qui s'arrête, et qui se jette sur eux. Bon ! en voilà un qui vient de lui donner un coup dans la gueule. Les voilà tous à l'entour de lui. Courage ! ferme ! allons, mes amis! Bon ! poussez fort ! Encore ! Ah ! le voilà qui est à terre ; c'en est fait, il est mort ! Descendons maintenant pour lui donner cent coups. (Moron descend de l'arbre.) Serviteur, messieurs, je vous rends grâce de m'avoir délivré de cette bête. Maintenant que vous l'avez tuée, je m'en vais l'achever, et en triompher avec vous. (Moron donne mille coups à l'ours qui est mort.)
Entrée de ballet
Les chasseurs dansent pour témoigner leur joie d'avoir remporté la victoire.
(Ces heureux chasseurs n'eurent pas plutôt remporté cette victoire que Moron, devenu brave par l'éloignement du péril, voulut aller donner mille coups à la bête qui n'était plus en état de se défendre, et fit tout ce qu'un fanfaron, qui n'aurait pas été trop hardi, eût pu faire à cette occasion ; et les chasseurs, pour témoigner leur joie, dansèrent une fort belle entrée : c'étaient M. Manceau, les sieurs Chicaneau, Baltazard, Noblet, Bonard, Magny et La Pierre.)

Correction la princesse

Commentaire la princesse